Parmi les collections conservées par le Musée de la civilisation, certaines permettent de saisir de façon remarquable l’ingéniosité et la créativité humaine. C’est le cas de la collection Henri-Dorion, qui comprend près de deux cents instruments de musique provenant du monde entier.

 

Lamellophone sanza d'Afrique

Lamellophone sanza d’Afrique

Flûte ichtyomorphe de Croatie

Flûte ichtyomorphe de Croatie

C’est au fil de ses voyages dans plus d’une trentaine de pays et à travers quelques dons d’amis connaissant sa passion que Monsieur Henri Dorion a constitué sa collection. Pianiste et géographe, il a été professeur à l’Université Laval, président de la Commission de toponymie du Québec et du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographique, sous-ministre adjoint aux relations internationales et enfin directeur de la recherche et des relations internationales au Musée de la civilisation.

 

 

Guimbarde komuz du Kazakhstan et son étui

Guimbarde komuz du Kazakhstan

Étui de guimbarde

Étui de guimbarde

Alors que ses responsabilités l’ont amené à voyager, ses intérêts de recherche l’ont rendu particulièrement sensible aux relations qu’entretiennent les groupes humains et leur environnement. Pour lui, les instruments de musique témoignent de ce lien, en plus d’illustrer les savoir-faire traditionnels et d’être des éléments-clés de l’expression de l’âme humaine.

C’est en Russie, en 1958, que Monsieur Dorion fait l’acquisition de son premier instrument : une balalaïka, instrument à corps triangulaire de la famille des luths. C’est le déclic du collectionneur : jusqu’en 1991, il achètera régulièrement des instruments, souvent directement auprès des artisans et parfois dans des lieux difficiles d’accès. En 1993, enfin, il fait don de cette merveilleuse collection au Séminaire de Québec dont les collections sont intégrées à celles du Musée de la Civilisation en 1995.

 

 

Luth balalaïka de Russie

Luth balalaïka de Russie

La collection compte des instruments provenant d’Amérique, d’Afrique, d’Europe et d’Asie. Le Maroc, l’Afrique de l’Ouest, les pays slaves, le Mexique et l’Amérique du Sud sont les régions les plus représentées, mais de nombreux objets intéressants proviennent aussi d’Asie centrale et de Chine. De même, toutes les grandes familles d’instruments sont représentées : les instruments à vent (ou aérophones) sont les plus nombreux, suivis par les cordes (cordophones), les tambours et diverses percussions (membranophones et idiophones).

Tambours sur poterie tbila du Maroc

En observant ces instruments, on réalise à quel point l’homme a su mettre à profit son environnement pour créer des sons. Tous les types de matériaux ont ainsi été utilisés : animal, végétal ou minéral.
Ainsi, les instruments d’Afrique de l’Ouest font la part belle à un matériau original : la calebasse. Cette grosse courge qui a des myriades d’usages est en effet assez solide pour servir de caisse de résonance à plusieurs instruments dont la kora, une harpe à chevalet traditionnellement réservé à la caste mandingue des griots, musiciens professionnels et dépositaires de la tradition orale. Elle accompagne les chants de louanges, les récits épiques et diverses festivités.

 

Harpe à chevalet kora du Sénégal

Harpe à chevalet kora du Sénégal

Harpe à chevalet kora du Sénégal

Harpe à chevalet kora du Sénégal (gros plan dos)

Autre matériau aux mille usages, le bambou est bien présent dans la collection, que ce soit dans les flûtes de pan d’Amérique du Sud, ou dans un instrument ingénieux d’Asie du Sud-Est : « l’ orgue à bouche » ou khène. Ce dernier comporte plusieurs tuyaux munis d’une anche qui sont insérés dans un réservoir dans lequel le musicien souffle ou inspire, un peu comme pour un harmonica. En bouchant les trous de jeu avec les doigts, on peut ainsi obtenir plusieurs sons à la fois.

 

Orgue à bouche khène de Thaïlande

Orgue à bouche khène de Thaïlande

Du côté du règne animal, les peaux sont utilisées sur les tambours et sur la table d’harmonie d’instruments comme la kora, tandis que les cornes (vache ou antilope) servent de trompes ou de pavillons à des clarinettes.

 

 

Clarinette double magrouna de Tunisie

Clarinette double magrouna de Tunisie

De même, pour le petit luth charango de Bolivie, c’est la carapace d’un tatou qui a longtemps été utilisée pour former le dos de la caisse de résonance. L’animal étant aujourd’hui protégé, les charangos sont désormais construits en bois.

 

 

Luth charango de Bolivie

Luth charango de Bolivie

Luth charango de Bolivie (verso)

Luth charango de Bolivie (dos)

Luth charango de Bolivie (gros plan verso)

Luth charango de Bolivie (gros plan dos)

Et maintenant, place à une primeur! Plusieurs objets de la collection Henri-Dorion seront présentés cet été au Musée de la Civilisation dans l’exposition Riff – Quand l’Afrique fait vibrer les Amériques. Une bonne occasion de venir s’initier au monde fascinant des instruments et aux musiques qui les animent !