Quelques-uns de mes collègues ont pris le soin et le temps de parler brièvement ou en détail de la Réserve muséale de la Capitale nationale dans des articles précédents de ce blogue. Pour ma part, y travaillant au quotidien, je vous présente ici quelques autres aspects tout aussi intéressants. La Réserve est composée principalement de 11 voûtes spécifiquement adaptées à la conservation des objets de collection. Sur ces 11 voûtes, 2 sont à l’usage du Musée national des beaux-arts du Québec et les 9 autres pour les collections du Musée de la civilisation.

Sachant que plus de 225 000 objets de toute nature sont conservés à la Réserve, une question peut très bien se poser d’emblée : d’où proviennent ces objets?

La collection de peintures conservée à la RMCN renferme des trésors d’histoire et de beauté.

La collection de peintures conservée à la RMCN renferme des trésors d’histoire et de beauté.

Le Musée de la civilisation établit son processus d’acquisition selon deux comités qui examinent les propositions d’acquisition qui sont présentées par les conservateurs. À leur tour, ceux-ci sont en contact constant avec soit le public, les collectionneurs ou d’autres institutions qui proposent, la majeure partie du temps, des objets en don pour les collections. Une partie moindre est acquise par achat, car le budget d’acquisition n’est pas la ressource principale qui permet de développer les collections. Par ailleurs, le Musée, de par l’ensemble de ses activités (expositions, séries télévisées, publications, programmes éducatifs et autres événements) cherche à susciter et à développer l’intérêt de la collectivité à la culture matérielle et à sa préservation. Conserver maintenant pour montrer plus tard.

Le conservateur Guy Toupin examine avec le donateur une récente acquisition.

Le conservateur Guy Toupin examine avec le donateur une récente acquisition. Il s’agit d’une jarre à bière en poterie plombifère de fabrication artisanale ayant une capacité de 35 gallons et datant du 19e siècle (1840-1850). Cet objet exceptionnel avait été présenté aux conservateurs du Musée lors d’un tournage de l’émission Trouvailles et trésors en juin 2005, elle a été acquise en 2008.

Lorsque de nouvelles acquisitions sont acheminées à la RMCN, nous devons alors procéder à leur enregistrement. Cela se fait selon une méthode bien précise et avec un vocabulaire normalisé. Ainsi, on s’assure d’entrer dans notre base de données nommée MUSIM toute l’information relative à chacun des objets qui intègrent la collection. Une fois l’enregistrement effectué, nous partageons une partie de cette information avec le Réseau canadien d’information sur le patrimoine qui diffuse, par le biais d’Artefacts Canada sur le Web, une multitude de collections de plusieurs musées à travers le pays. Cet outil de recherche est très consulté tant par le grand public que par les spécialistes des autres musées afin d’étudier les collections.

 

 

Les techniciennes en documentation procèdent à l’enregistrement de nouvelles acquisitions composées principalement d’objets reliés à la préparation, la présentation et la conservation des aliments.

Les techniciennes en documentation procèdent à l’enregistrement de nouvelles acquisitions composées principalement d’objets reliés à la préparation, la présentation et la conservation des aliments.

Une restauratrice nettoie et stabilise un canif et une hachette. Les surfaces de corrosion seront nettoyées à l’aide de produits spéciaux.

Une restauratrice nettoie et stabilise un canif et une hachette. Les surfaces de corrosion seront nettoyées à l’aide de produits spéciaux. Ces traitements sont effectués en prévision d’un projet d’exposition sur l’histoire du mouvement scout.

 

Une autre question peut alors se poser sur le sort des objets de la collection nationale : comment allons-nous exposer tous ces objets? Lorsque des visiteurs de différents secteurs viennent à la Réserve, il est certes facile d’être impressionné par le volume de la collection et de l’infrastructure déployée pour sa conservation. Il est alors normal de penser qu’il est impossible d’exposer de façon simultanée l’ensemble de la collection. L’analogie que nous donnons parfois est celle de l’iceberg où la pointe représente les expositions qui montrent les objets et le reste de l’iceberg, habituellement sous l’eau, pourrait être représenté par les objets à la Réserve. Néanmoins, nous y maintenons un service de prêt d’objets de collection pour les musées et sites historiques. Actuellement, plus de 5 000 objets sont en circulation, ce qui permet tout de même une diffusion tant par le Musée que par nos partenaires dans les autres grands centres et en région.

Les manutentionnaires doivent revêtir un équipement de protection lorsqu’ils manipulent des animaux naturalisés puisque ceux-ci ont été à une certaine époque traités avec des produits contenant de l’arsenic.

Les manutentionnaires doivent revêtir un équipement de protection lorsqu’ils manipulent des animaux naturalisés puisque ceux-ci ont été à une certaine époque traités avec des produits contenant de l’arsenic.

Qu’arrive-t-il lorsque les objets sont brisés et qu’ils demandent à être réparés? Lorsque les objets de collection ne sont pas dans leur meilleur état ou lorsque des bris surviennent, il est alors possible de les amener au laboratoire de conservation préventive où deux restauratrices du Centre de conservation du Québec aident à traiter les objets lorsque les interventions nécessaires sont mineures. C’est en quelque sorte la « salle d’urgence » de la collection. Lorsque des cas plus graves surviennent, et suite à leur l’examen par les restauratrices, il est alors possible de confier le ou les objets directement au Centre de conservation du Québec ou encore à l’Institut canadien de conservation à Ottawa pour des traitements et expertises plus poussés.

 

Plusieurs corps de métier que l’on rencontre à la réserve sont inusités du fait qu’ils ne sont pas monnaie courante. Par exemple, il est nécessaire de détenir des formations reliées à la restauration, à la documentation et à la conservation préventive afin de comprendre et exercer une saine gestion des collections. Actuellement, il nous faut optimiser les espaces de conservation à la Réserve puisque la tendance est aux dons massifs de la part des collectionneurs et des communautés religieuses, ce qui demande une attention particulière afin de s’assurer de trouver un emplacement pour ces dons volumineux. D’ailleurs, nous sommes en contact avec des partenaires afin d’étudier ce que sera la Réserve au cours des prochaines années. Il sera intéressant de voir comment de nouveaux moyens seront déployés afin de favoriser l’étude de la culture matérielle à partir des riches collections du Musée.

Martin Villeneuve
Registraire des collections