Chanter Noël au fil des siècles est une exposition de Noël présentée dans le hall du Musée du 1er décembre 2010 au 3 janvier 2011.

Pour la sélection des objets présentés dans les treize vitrines, le conservateur Michel Laurent s’est inspiré d’airs de Noël.

Le texte qui suit présente cette recherche et vous invite à remonter le cours du temps.

Vous pouvez également visionner l’émission Portes ouvertes au Musée de la civilisation qui porte spécifiquement sur la collection d’ornements de Noël Claude-Davis.

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3- Carte postale

Nombreux sont les chants de Noël dont l’origine nous est inconnue. Heureusement, les documents conservés dans les archives peuvent à l’occasion, apporter quelques lumières. Parmi les plus anciennes mentions, notons celle de cantiques composés pour les trois messes de Noël vers l’an 604 à Rome. Cette tradition religieuse sera suivie au 11e siècle par des débordements publics suite à l’association du peuple aux chants de la liturgie. Ces jeux liturgiques appelés également les Mystères, vont se dérouler dans le chœur, la nef et se terminer sur le parvis des églises et parfois même dans les cimetières.

Mais que chante-t-on ici ?

La tradition des chants de Noël va suivre les religieux, religieuses et colons qui arrivent de France. Leur transmission se fera par le biais de la tradition orale ou alors par la lecture de recueils le plus souvent sans notation musicale. Les airs proviennent de chansons profanes, d’airs d’opéra et même de marches militaires. Les textes anciens sont souvent anonymes, mais il arrive quelquefois que nous en connaissions l’auteur. L’on constate également qu’il existe de nombreuses variantes de ces chants.

Généralement les documents anciens présentent les cantiques sous une même forme c’est-à-dire qu’ils en indiquent le titre, la référence à un air connu et le texte de la chanson. Rares sont les recueils qui présentent les partitions musicales. Voici à titre d’exemple le chant Ça bergers assemblons-nous sur l’air de Où s’en vont ces gais bergers.

Tiré de : Pastorale sur la naissance de Jesus-Christ : avec L'adoration des  bergers, et La descente de l'archange saint Michel aux lymbes / revue & corrigée de nouveau par frère Claude Macée. - A Saint-Malo : Chez H.-L. Hovius, fils, imprimeur-libraire, 1805, p 53.

Tiré de : Pastorale sur la naissance de Jesus-Christ : avec L'adoration des bergers, et La descente de l'archange saint Michel aux lymbes / revue & corrigée de nouveau par frère Claude Macée. - A Saint-Malo : Chez H.-L. Hovius, fils, imprimeur-libraire, 1805, p 53.

Il ne faut pas oublier que ces chants sont destinés à des gens qui ne connaissent pas toujours la musique et que les seuls éléments qui peuvent servir à leur interprétation sont des références à des airs connus de tous. Malheureusement, avec le temps, sans notation musicale, il est presque impossible de retrouver les airs de tous ces chants.

Ernest Myand dans son livre Noëls anciens de la Nouvelle-France cite un passage tiré des relations des Jésuites de 1646. Dans ce texte, à propos de la veillée de Noël, il signale que Chantons tous Noé aurait été chanté. Nous vous proposons à titre d’exemple le premier couplet de ce chant.

Chantons tous la naissance

Du Rédempteur incarné

Noé, Noé, Noé, Noé !

Puisque c’est notre croyance

Entonnons-lui : Kyrie, etc.

Il s’agit probablement de la plus ancienne mention historiée connue de l’utilisation d’un chant de Noël en ces terres nouvelles. Ce chant, si populaire autrefois, tomba en désuétude et fut remplacé par de nombreux autres issus des 16e, 17e et 18e siècles.

Vous pourrez admirer dans l’exposition Chanter Noël au fil des siècles, un chant remarquable attribué au père jésuite Jean de Brébeuf. Ce dernier, composé sur un air profane, était chanté depuis le 16e siècle. Il fut recueilli et traduit, vers 1838, par Paul Tsaouenhohi de Wendake près de Québec.

Recueil de chants hurons

Recueil de chants hurons

Ce recueil n’est pas le seul à avoir été redécouvert pour les besoins de l’exposition. En effet, plusieurs livres rares étaient conservés à la bibliothèque du Séminaire de Québec classée par l’UNESCO. Parmi ceux-ci, mentionnons :

  • – Adeste fideles : chant de Noël, arrangé par Théodore Dubois, Nouv. éd., entièrement revue par l’auteur, Paris : Au Ménestrel, Heugel & cie [entre 1906 et 1908] (Asnières- Paris : Imp. Delanchy-Dupré), 1 partition ([2] p.).
  • – Cantiques populaires pour la fête de Noël, harmonisés à 4 voix mixtes par Ernest Gagnon, Montréal : A.J. Boucher enrg., éditeur et importateur de musique, c1922. – 1 partition de chœur.
  • – Cantiques populaires pour la fête de Noël, harmonisés pour quatre voix mixtes et orgue par Ernest Gagnon, Nouv. éd. Montréal : A.J. Boucher (enrg.), éditeur et importateur de musique [entre 1929 et 1939] – 1 partition.
  • – Cantiques spirituels sur les points les plus importants de la religion par l’abbé Pellegrin, Nicolas Le Clerc, nouvelle édition revue & corrigée, Paris, 1728.
  • – Choix de cantiques pour toutes les fêtes de l’année : pour la première communion, la confirmation, les missions et retraites, l’avent, le carême, le mois de Marie, etc. : spécialement destiné aux maisons d’éducation, Paris : Poussielgue-Rusand, libraire, 1843.
  • – La bible des Noëls, vieux et nouveaux, où tous les mystères de la naissance & de l’enfance de Notre Seigneur Jésus-Christ sont expliqués d’une manière très intelligible : sur les plus beaux airs de ce temps, à Saint-Malo : Chez H.-L. Hovius, fils, imprimeur-libraire, 1805, Publ. avec : Macée, Claude. – Pastorale sur la naissance de Jesus-Christ : avec L’adoration des bergers, et La descente de l’archange saint Michel aux lymbes / revue & corrigée de nouveau par frère Claude Macée, à Saint-Malo : Chez H.-L. Hovius, fils, imprimeur-libraire, 1805.
  • – Noëls anciens de la Nouvelle-France, Myrand, Ernest, 2e édition, Typ Laflame & Proulx, 1907.
  • – Nouveaux cantiques spirituels, Jean-Baptiste Garnier, Paris, 1750.
  • – Nouveau recueil de cantiques, à l’usage du diocèse de Québec : avec tous les airs notés en musique dans le meilleur goût moderne. On y a ajouté une courte méthode pour apprendre à les mettre en plein chant. Édition qui renferme ce qu’on a trouvé de plus intéressant dans les recueils anciens et modernes, sur les plus importants sujets de la religion, et les principales fêtes de l’année, attribuée à Jean-Denis Daulé, imprimée à la Nouvelle Imprimerie, Québec, 1819.
  • – Recueil de chants hurons, Paul Tsaouenhohi, non daté.
  • – Vieux Noëls composés en l’honneur de la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Nantes : Chez Libaros, libraire, 1876. – 3 v. : ill., notation musicale ; 19 cm. Contenu : [1re ptie]. Noëls très anciens. Noëls des XVIIe & XVIIIe siècles — [2e ptie].
  • – Pastorales. Noëls des provinces de l’Ouest — [3e ptie]. Musique des vieux Noëls, 1re, 2e, 3e parties, Noëls divers.

Ces sources manuscrites et imprimées sont la preuve que les cantiques de Noël furent popularisés depuis l’époque de la Nouvelle-France jusqu’à aujourd’hui. Après la conquête, les cultures anglaise, allemande puis américaine, vont influencer nos traditions musicales. Les chants de Noël traditionnels seront entonnés non seulement par les nouveaux arrivants, mais par toute la population. Certains disparaîtront tandis que d’autres seront créés ou modifiés afin de répondre aux nouveaux rythmes naissants.

Je vous invite donc à venir voir l’exposition au Musée.

Vous pouvez également consulter les photos des objets dans notre compte Flickr et lire les paroles des chansons qui ont inspiré chacune des vitrines, aux pages suivantes :