Catherine Bélanger

Catherine Bélanger

Le projet Recueil de gestes pour nourrir consiste à me pencher davantage sur les gestes précieux du don et de la rencontre, pratiqués quotidiennement, afin de les conserver en mémoire. Par mes recherches et créations multidisciplinaires, je m’engage dans la captation, la conservation et la transmutation d’un patrimoine immatériel, en quête de reconnaissance. Je souhaite indexer ces actions avant qu’elles ne disparaissent et cristalliser l’importance des manières de faire des gens ordinaires qui passent inaperçus au sein de notre société, mais qui en sont les fondements.

Dans le cadre de ce projet, je souhaite utiliser le patrimoine alimentaire qui offre un grand potentiel de mémoire collective et témoigne de notre identité. Il doit être non seulement conservé, mais aussi mis en lumière. Mon intérêt et ma responsabilité visent ainsi à souligner des traditions et des rituels quotidiens, passés et présents, pour en révéler la valeur.

C’est donc par le biais d’une collaboration avec le Musée de la civilisation de Québec qui présente l’exposition virtuelle participative de notre patrimoine alimentaire Manger ensemble!, que se concrétisera le projet.

Les étapes du projet Recueil de gestes pour nourrir 

A)    La captation anthropologique au Musée de la civilisation

 

Rencontre avec Catherine Bélanger au Musée de la civilisation.

Rencontre avec Catherine Bélanger au Musée de la civilisation.

Durant le temps des fêtes 2013, soit les 27 et 28 décembre, nous avons convié les gens à venir me rencontrer au musée. Ils pouvaient prendre connaissance de l’exposition virtuelle, ainsi que de ma démarche artistique à travers quelques œuvres présentées sur place. Autour d’une table dressée, ils étaient invités à déguster un biscuit cuisiné par ma mère et à partager leur patrimoine alimentaire en ces temps de réjouissances pour contribuer au répertoire anthropologique menant à la réalisation des cartogrammes.

Mylène Boutin, Catherine Bussières et Annie Hebert partagent leurs souvenirs.

Mylène Boutin, Catherine Bussières et Annie Hebert partagent leurs souvenirs.

Par des recettes, des souvenirs ou des témoignages de façons de faire culinaires comme potentiel festif et rassembleur au sein de différentes familles et cultures au Québec, ces données anthropologiques recueillies m’ont permis d’amorcer le travail et de contribuer à leur conservation. Des contacts significatifs ont aussi été établis pour les étapes suivantes.

25 capsules vidéo racontent ces souvenirs et son disponibles sur le Youtube de Recueil de gestes pour nourrir

B)    La captation anthropologique chez les gens

Suite aux rencontres du temps des fêtes et par le biais de différentes connaissances antérieures, je me déplace dans le quotidien des gens pour enregistrer leurs actions. Par la photo et surtout l’enregistrement vidéo et audio, il y a une première phase d’analyse et de prise de données simultanée. Comme la cuisine est un lieu polysensoriel, cet aspect des situations est aussi considéré pour en conserver des éléments significatifs. L’intégration de différents styles perceptifs dans l’œuvre pourra ainsi maximiser l’expérience proposée. Selon les objets spatio-temporels indexés, le matériau de base mènera à un corpus de dessins animés produits par rotoscopie, possédant des caractéristiques plastiques variables. Ils pourront être présentés comme un guide de fabrication d’un mieux vivre, un répertoire anthropologique du don de soi, à l’autre.

C)    Les œuvres du recueil de gestes pour nourrir

Pour la production, je procéderai à une transmutation plastique me menant à la matérialisation des œuvres tant numériques que physiques, afin de révéler la complexité, la beauté et l’importance de conserver ces actions issues du patrimoine alimentaire. Je réaliserai un petit répertoire d’animations par rotoscopie produisant des cartogrammes qui sont une façon logique et rationnelle d’indexer des phénomènes parfois empreints de subjectivité et donnent à voir ce qui était caché.

Les œuvres produites seront présentées de deux façons : d’une manière virtuelle ici-même sur le blogue du Musée et dans l’exposition virtuelle Manger ensemble! et concrètement, par une installation au sein du musée offrant une expérience plus complète par l’intégration de styles perceptifs. Dans un système poreux et complémentaire d’informations, l’expérience physique de l’installation suscitera l’intérêt pour se prolonger jusqu’à l’expérience de l’exposition virtuelle et vice-versa. Les œuvres amèneront le projet à prendre une tangente interactive en créant un stimulant pour le public à contribuer à cette banque de données.

Il donnera aussi lieu à la constitution d’un index de gestes quotidiens posés au sein de lieux communs, tels des identifiants culturels et contextuels qui témoignent de notre identité. Ils seront ainsi préservés, conservés en mémoire et traduits par un langage ouvert.

 

 

Catherine Bélanger l’artiste

Catherine Bélanger vit et travaille à Québec. Elle est titulaire d’un baccalauréat en arts visuels et d’une maîtrise interdisciplinaire en art, complétée en 2012 à l’Université Laval. Depuis 2004, elle enseigne le dessin principalement au Cégep Limoilou, dans les programmes d’Arts plastiques, de Métiers d’art et d’Animation 3D. Poursuivant en parallèle sa production en dessin et en installation, elle propose en 2012 une exposition solo à la Galerie le 36 à Québec et participe à divers événements collectifs depuis 1997, particulièrement à Québec ainsi qu’en Beauce, à Percé et à Rimouski.

Son travail se concrétise principalement en animation traditionnelle, en vidéo et en installation. Elle s’intéresse à l’anthropologie quotidienne et à la notion du patrimoine au sein du processus de création se présentant par une iconographie du quotidien et des rituels liés aux activités domestiques, comme un lieu commun dans lequel tous peuvent se reconnaître. Par des œuvres où des gens et leurs actions sont altérés, elle confronte à la fois le passé et le présent, comme des empreintes qui conservent l’éphémère. Elle nous donne à voir cette volonté de préservation et de valorisation du sujet appartenant à l’imaginaire individuel et collectif.

Les nouvelles cartographies et autres traductions polysensorielles produites dans sa pratique, font resurgir la mémoire affective au sein de l’espace de présentation, dans une relation qui va et vient entre l’intimité et l’affiliation identitaire. Par ses recherches, elle tente donc de mettre en œuvre le jeu des facultés perceptives sensorielles et cognitives, pour solliciter la mémoire du spectateur et maximiser son expérience.

 

Recueil de gestes pour nourrir est possible grâce au soutien des Musées de la civilisation et de la mesure d’aide Première Ovation de la Ville de Québec et du ministère de la Culture et des Communications. Une coproduction de La Bande vidéo et du centre Avatar.

Première Ovation

 

 

 

 

 

 

 

 

La Bande Vidéo

 

 

 

 

Avatar

 

 

 

 

 

La suite de l’article : Recueil de gestes pour nourrir : la rencontre anthropologique des gens

Rédigé par Catherine Bélanger