Dès sa conception au début des années 80, le Musée a été pensé comme un lieu de rassemblement. Ses nombreux toits, plats ou inclinés, devaient bien sûr abriter de nombreuses expositions, mais peu de gens savent qu’ils symbolisent aussi un village d’autrefois avec, en son centre, une « place publique ». Près de 40 ans plus tard, comment bien faire évoluer notre « village »?

Photographie du Musée de la civilisation qui montre ses nombreux escaliers et toits inclinés

Une architecture pour voir le fleuve… et l’histoire!

C’est assez incroyable de penser qu’à marée haute il y a environ 250 ans, le hall du Musée était submergé. Là où sont les portes aujourd’hui, on aurait eu de l’eau jusqu’aux genoux! Les vestiges des quais et du passage voûté intégrés à l’architecture en témoignent. On raconte que les embarcations venaient s’y accoster et qu’on s’y rassemblait à l’occasion d’un marché public. Évidemment, cette caractéristique historique et unique n’a pas échappé à l’architecte Moshe Safdie. Il a voulu offrir aux visiteurs une vue unique sur les vieux bâtiments environnants et sur le fleuve Saint-Laurent.

Pour son audace, sa capacité d’intégration et son respect du lieu historique, l’oeuvre a ainsi remporté le prix d’excellence de l’Ordre des architectes du Québec. Plus de trente ans plus tard, son toit et ses escaliers continuent de nous charmer et leur potentiel de développement demeure immense…

S’adapter aux défis climatiques et sociaux

Le toit a hébergé plusieurs projets et œuvres éphémères en 30 ans, piquant la curiosité des visiteurs qui gravissent les escaliers à leur découverte.

En 2008, par exemple, un Potager des visionnaires était installé sur le toit, les terrasses et les escaliers pour le 400e de Québec. Depuis, le rêve de leur redonner vie est bien présent. Mais durablement.

Photomontage de jour et de nuit du Potager des visionnaires installé sur les toits du Musée en 2008

C’est que, bien malgré elle, cette œuvre architecturale est devenue un îlot de chaleur, comme plusieurs autres dans toutes les grandes villes.

Comment contribuer positivement à réduire cette chaleur? Comment faire un lien avec la mission de notre Musée et notre médiation? Et finalement, comment en faire un lieu accueillant et rassembleur?

Verdir un toit, unir une communauté

De ces questionnements est né le projet de verdissement des toits mis en œuvre dès l’automne 2021 et qu’on aura le plaisir de voir évoluer d’année en année.

Pour imaginer et conceptualiser ce grand projet, l’équipe et moi sommes accompagnés par des experts dans la préservation des écosystèmes : Nature Québec. Nous aimons leur approche humaine basée sur des échanges constructifs et la cocréation pour et par la communauté.

Croquis 3D du plan d'aménagement des toits du Musée, montrant des aménagements faits au fil des ans qui seront graduellement envahis de végétation.

Le développement durable est souvent associé à l’environnement, mais la composante sociale est l’un de ses grands piliers, souvent oublié. C’est la raison pour laquelle les visiteurs, abonnés, employés, citoyens, partenaires, organismes ont tous été consultés pendant l’élaboration du  projet, car ce sont eux qui le feront vivre et qui se l’approprieront.

Si on laissait la nature faire…?

Le concept de ce verdissement nous ramène au fonctionnement naturel d’un écosystème : son processus d’évolution et de développement.

Au bas des escaliers, c’est un univers familier et construit par l’homme qui nous accueillera. Plus on grimpera vers le toit, plus on évoluera vers une nature dense, pratiquement en friche, où la vie peut se développer.

Ce chemin permettra de réaliser à quel point l’homme peut avoir une emprise et un contrôle sur cette nature si fragile. Prendre conscience de la façon dont nous avons investi des lieux, pour ensuite revenir à un état plus sauvage, naturel et sain pour le vivant. Le concept du projet et ses objectifs sont tout à fait collés au  rôle du Musée de la civilisation, soit celui de musée de société.

Parmi les végétalisations à l’étude, il y a les plantes vivaces, indigènes et fruitières, des fleurs et même des arbres! Mais surtout, nous tenions à ce qu’un jardin potager, partagé et communautaire soit aménagé. En fait, nous voulons redonner et redistribuer à la communauté – aux organismes locaux par exemple.

Photographie d'un toit vert à Chicago montrant une végétation proliférante

Ce phénomène est commun à plusieurs villes à travers le monde : les projets d’agriculture urbaine et de verdissement des toits continuent de prendre leur expansion. Les élus sont conscients que ce type d’agriculture s’avère un excellent moyen pour contribuer à améliorer la santé et la qualité de vie des citoyens et à stimuler l’économie locale.

En attendant de se retrouver sur le toit cet automne, je vous laisse sur ces belles lignes du dernier numéro du magazine Beside, Nos transformations, en espérant qu’elles vous inspireront, à rêver vous aussi d’un monde meilleur, un pas à la fois.

Ce projet vous interpelle? Vous souhaitez y collaborer? Écrivez-moi!

– Annie Éthier

Des fleurs de chez nous

Couverture du numéro 10 du magazine Beside, montrant une fleur orangée.

Au royaume du jardinage, toutes les plantes ne sont pas égales. Si le bienêtre des oiseaux, des mammifères et autres bestioles nous importe, nous devons cultiver des végétaux indigènes – qui sont originaires du lieu où nous vivons. Ces derniers permettent à un grand nombre d’insectes de trouver un abri, ce qui fournit du même coup de délicieuses protéines aux animaux. Mieux adaptés au climat de leur région natale, ils nécessitent aussi moins d’entretien, et réduisent d’autant plus notre empreinte carbone.

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On note tout de même, à travers le monde, une volonté grandissante d’inclure une réflexion environnementale dans la confection des platebandes : en 2018, le Garden Trends Reports, publié par le centre de jardinage Wyevale (aujourd’hui fermé), notait que 82 % des Britanniques voulaient attirer plus de membres de la faune sauvage dans leur jardin, et aider à la prolifération des oiseaux, des abeilles et des hérissons. En librairie, de nombreux livres offrent désormais une introduction aux principes d’un écosystème équilibré. On retrouve même le ‘’jardin sauvage’’ dans les listes des tendances de jardinage pour 2021.

Le care horticole

« Il y a un bouleversement des mentalités », confirme Emile Forest, cofondateur de Nouveaux Voisins, un OSBL montréalais qui travaille à « transformer la culture du gazon et notre rapport au territoire ». Il constate que les réflexions entourant l’importance de la biodiversité se fraient un chemin dans le grand public.

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À terme, Nouveaux Voisins souhaite faire évoluer les règlements d’urbanisme afin d’obliger ceux et celles qui ont un terrain à l’aménager selon des principes environnementaux.

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Imaginez si la loi exigeait que 50 % de notre cour soit consacrée au « prendre soin » !